BIRAMANIE, CULTURE

Coutumes

L’idéal social de tout Birman est constitué par un code de comportement communément désigné sous le terme de bamahsin chin, dont les bases comprennent notamment la connaissance des écritures bouddhiques, le respect des anciens, la langue birmane, la décence du vêtement, le respect dans les rapports avec l’autre sexe, les comportements posés, subtils et indirects.

Les anciens sont traités avec déférence (tout comme les personnes exerçant des professions de prestige ou d’autorité : médecins, enseignants, policiers, chefs de village…) et, inversement, les enfants considérés comme inférieurs (tout comme les femmes…) ; en visitant une agglomération rurale, allez voir le chef de village pour lui annoncer votre présence et lui demander l’autorisation de camper ou de tirer de l’eau au puits communautaire ; si l’on vous donne un objet modeste que vous avez demandé, prenez-le avec la main droite tout en touchant votre coude droit avec la main gauche, ce qui équivaut à dire merci : il est intéressant de noter que les remerciements sont rares (votre cadeau sera accepté en silence) et que les populations locales tendent à penser que les Occidentaux remercient trop souvent et avec trop de désinvolture…

 

Langue

À côté du birman, langue officielle, existent de nombreux dialectes. L’anglais à la birmane est quant à lui prononcé de façon particulière : « boy » devient « bwai », « side-car » devient « sai-kah ».

La langue birmane possède son alphabet et son écriture propres, ensemble de cercles fermés ou ouverts, différenciés et indéchiffrables. Problème supplémentaire : sa transcription peut revêtir diverses formes, les mots provenant du pali étant parfois transposés suivant leur prononciation originelle. L’habitude fréquente de fabriquer des mots composés, ou de les décomposer (Shwe San Daw = Shwesandaw), ajoute encore à la déconfiture générale.

mingala ba : bonjour (littéralement une bénédiction)
kei sa mashibabu : de rien (je vous en prie)
namalebabu : je ne comprends pas
thwabaounme : je pars maintenant (au revoir)
zei : marché
pyadai : musée
hote : hôtel
ayet piu : « alcool blanc », boisson forte distillée à base de riz et de sucre de palme
beimok : gâteau à l’ « opium », incorporant des graines de pavot
cheerots : cigares birmans – doux, mais énormes !
lawkanats : esprits gardiens du monde
longi : vêtement unisexe birman, sorte de longue jupe
pali : langue des premiers textes bouddhiques – « latin » du bouddhisme theravada
sikhara : épi de faîte d’un temple en forme d’épi de maïs, à la mode indienne
thabeik : bol à nourriture du moine ; élément traditionnel d’architecture des stupas
thanaka : pâte claire dont les femmes s’enduisent le visage

 

Nourriture

La cuisine birmane classique est un surprenant mélange d’influences birmane, môn, indienne et chinoise. Le riz (htamin), ingrédient culinaire de base, se sert accompagné de divers plats au curry (hin). Les curries birmans sont les plus doux d’Asie : aucun piment n’entre dans leur préparation, mais seulement un masala de curcuma, gingembre, oignons, ail et sel, avec beaucoup d’huile d’arachide et de pâte de crevettes. Le plat est relevé avec du balachaung, condiment à base de piments, tamarin et crevettes séchées, ou avec le très piquant ngapi kyaw, pâte de crevettes frites avec du piment, de l’ail et de l’oignon.

Quelques délices : les thok, salades légères et épicées à base de légumes ou de fruits crus mélangés à divers ingrédients et épices ; le dal (soupe de lentilles originaire d’Inde) rehaussé de navets, pommes de terre et okra bouillis ; le oh-no khauk-swe, nouilles mélangées à du poulet dans une sauce épicée à base de lait de coco… Parmi les plats de nouilles, le plus courant est le mohinga, nouilles de riz servies avec une soupe de poisson, jaune et épaisse.

Le repas se termine souvent par du lephet thok, genre de salade de feuilles de thé vert humidifiées et pressées, mélangées à des graines de sésame, des petits pois et de l’ail frits, des crevettes séchées, des cacahuètes, de la noix de coco et du gingembre grillé. L’aspect gélatineux du paquet de feuilles est quelque peu repoussant, mais le plat est tout à fait goûteux.

Enfin, le bétel (kunya) circule en guise de digestif. Ces petits morceaux de noix d’arec (ou de bétel) séchée, puis enveloppée dans une feuille de bétel avec de la chaux, ne créent aucune dépendance mais teintent les dents de rouge sombre et seraient, dit-on, cancérigènes.

Pour vous désaltérer, vous pouvez essayer le jus de canne à sucre, la Mandalay Beer ou encore le hta yei ou « jus de toddy », boisson alcoolisée que les paysans extraient du sommet du palmier toddy, à la consistance laiteuse et sirupeuse et au parfum de noisette.

 

Religion

Le bouddhisme theravada pratiqué au Myanmar associe des éléments animistes (culte des nat), hindouistes (astrologie, rituels cabalistiques, numérologie…) et bouddhistes mahayana. Le bouddhisme theravada (« voie des anciens ») est une forme traditionnelle du bouddhisme. Il est caractérisé par une stricte observance des enseignements du Bouddha. La forme du mahayana, appelé ainsi par l’élite pratiquante (« voie noble » ou « grand véhicule ») s’inspire plus de l’ « esprit » du bouddhisme.

La coutume bouddhique impose aux hommes deux retraites monastiques dans leur vie (mais certains en font trois, chiffre porte-bonheur) : d’abord comme samanera, ou moine novice, entre 5 et 15 ans, puis comme moine à part entière (pongyi), après 20 ans. Avant l’âge de 20 ans, presque tous les garçons prennent part au shinpyu, ou cérémonie du noviciat – événement important qui apporte mérite et prestige à la famille. Par la suite, tout homme doit effectuer une retraite de 3 mois comme pongyi au cours du carême bouddhique (waso). Il y aurait quelque 250 000 moines au Myanmar : une grande partie d’entre eux se consacrent à l’étude et à l’enseignement, d’autres deviennent guérisseurs, sorciers ou exorcistes de nat (esprits tutélaires d’une personne ou d’un savoir).

 

Arts

Théâtre quotidien et très accessible, le pwe est organisé à toute occasion : fêtes religieuses, mariages, ordinations monastiques, foires…

Les formes de danse propres au Myanmar sont celles qui rendent hommage aux nat. Au cours de certains nat pwe, on invite un ou plusieurs nat à prendre possession de l’esprit d’un médium. Les danses birmanes les plus typiques sont des solos de femmes vêtues de robes à longues traînes blanches qu’elles projettent en l’air à l’aide de leurs talons ; les spécialistes y ont répertorié près de 2 000 figures différentes.

Le yok-thei-pwe, ou théâtre de marionnettes birman, dont les figurines atteignent parfois près d’un mètre de haut, est souvent considéré comme la forme la plus expressive de l’art birman ; comme la danse, il connut son apogée avec les royaumes de Mandalay de la fin du XVIIIe siècle.

La musique birmane, qui accompagne toujours avec force les pwe, est quant à elle difficile à appréhender pour les Occidentaux ; les gammes n’étant pas tempérées, elle paraît parfois dure, métallique et répétitive. Les ensembles traditionnels comprennent, outre les percussions, le saung kauk, harpe à treize cordes en forme de navire, le hne, sorte de hautbois proche du shehnai indien, le palwe, flûte en bambou, le michaung, luth en crocodile.

Mais c’est véritablement l’architecture qui illustre avec le plus d’éclat le talent des artistes birmans : nous sommes ici au pays des stupas, reliquaires bouddhiques construits par milliers grâce à la ferveur populaire, alliée à la volonté des rois.

 

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